Brastagi et le Mont Sibayak
Récit
[Du 26 au 28 avril]
Après Bukit Lawang, retour à Medan pour prendre un bus en direction de Brastagi, à 68 kilomètres (et 2h de bus) au sud de Medan. Brastagi se trouve à 1400 mètres d’altitude, et on s’y arrête essentiellement pour faire l’ascension du volcan Sibayak, qui s’élève à 2095 mètres, et est toujours actif.
Kasia a décidé de m’y accompagner, donc nous voilà toutes les deux dans cette petite ville sans charme, où la température est plutôt fraîche : autour de 18°C, ce qui crée un réel choc thermique, après plus d’un mois passé à 35°C.
Après une bonne nuit de sommeil dans une chambre plutôt coquette que je partage avec Kasia, nous quittons notre guesthouse vers 9h. Le chemin vers le volcan n’est au départ pas très chouette : une simple petite route goudronnée. Mais après une bonne heure de marche, il se transforme en une jungle assez dense, et l’on commence à sentir les premières odeurs de soufre. Un peu plus haut, la jungle laisse place à un paysage plus ouvert, avec de nombreuses roches argileuses. C’est là qu’on commence à entendre le volcan gronder, et à voir les premières fumées qui s’échappent du cratère.
C’est la première fois que je vois un volcan de près, et je sens monter en moi une espèce de joie incontrôlable. C’est difficile à décrire, je suis à la fois excitée de m’approcher de ce monstre encore en vie, et un peu flippée à l’idée d’une éventuelle éruption. C’est tellement magique d’être là-haut et de se sentir à nouveau aussi proche de la nature. Les éruptions volcaniques m’ont toujours fascinée, la nature peut être si cruelle et si belle à la fois.
Plus on s’approche du cratère, plus l’odeur de soufre et les grondements du volcan deviennent forts. Tout autour du cratère, d’épaisses fumées s’échappent, et le grondement ressemble à celui d’une rivière. Encore quelques pas et nous voilà au sommet, juste au bord du cratère, l’excitation est à son comble : comment ça va être là-dedans, est-ce que je vais voir de la lave, de l’eau, est-ce que ça va être lunaire comme l’annonce le Routard ?
Finalement, le cratère est rempli de sable, et les gens qui y sont descendus y ont écrit des choses avec des cailloux. Il paraît que certains s’approchent même des foyers de fumée et d’eau sulfureuse pour y faire cuire un œuf dur !
Un peu décevant donc, mais le paysage est quand même exceptionnel : c’est très rocailleux, la fumée s’échappe de sources de soufre, presque jaunes fluo, et l’odeur est extrêmement forte. Il y a beaucoup de roches noires autour du cratère.
On décide de monter un peu plus haut, sur la droite du cratère, pour la pause déjeuner. Une fois là-haut, on fait la causette avec un groupe de jeunes Indonésiens, qui tiennent absolument à nous prendre en photo avec leurs portables. Peu après ça, de gros nuages noirs et une brume épaisse se mettent à couvrir le cratère, et on n’y voit plus à 5 mètres. On sait que la pluie arrive, mais on fait l’erreur de rester là-haut en attendant que ça passe. Nous voici donc toutes les deux cachées sous mon poncho K-way. La température se refroidit d’un coup à cause du vent, et on commence à greloter.
Notre idée était de redescendre de l’autre côté, par un chemin à travers la jungle, pour atteindre des bassins d’eau sulfureuse bouillante (dans lesquels on peut se baigner), mais dans la brume, pas moyen de trouver le départ du chemin. Et sous cette pluie, on trouve plus raisonnable d’emprunter le même chemin qu’à l’aller. On repart donc sous une pluie battante, on glisse sur les pierres, car on essaie d’aller vite. Kasia n’a pas de vêtement de pluie, et on ne peut pas partager mon poncho lorsqu’on marche. Je suis donc un peu plus épargnée qu’elle (et là je dis merci Stéphane pour le poncho, tu peux pas savoir comme j’ai pensé a toi, et comme je t’ai béni !).
De retour dans la petite portion de jungle, on décide de s’abriter sous des bananiers pour manger. On mange donc sur le pouce car rapidement la pluie devient de plus en plus forte. Le groupe de jeunes nous retrouve là, et on continue la descente tous ensemble. La terre de la jungle commence à se transformer en boue, on a les pieds trempés, on glisse, mais on avance, pas le choix. Arrivées sur la partie goudronnée, je me dis que ça va aller mieux, mais la route est tellement pentue qu’elle se transforme en rivière, littéralement ! Plus la peine d’essayer d’éviter les flaques d’eau pour épargner ses chaussures, c’est le vrai déluge. Après 1h15 de descente, on trouve un petit abri en bambou sur le bord de la route. Avec un minibus garé devant ; et là on apprend qu’il appartient aux quatre jeunes. Ils nous proposent de nous déposer au point de départ de la randonnée (et c’est chouette parce qu’il nous reste encore une bonne demi-heure de marche). Mais tout de suite après avoir proposé, le garçon nous demande de l’argent : « est-ce que ça va si je vous demande 10000 rupiahs chacune ? ». Kasia et moi on se regarde, et on arrive pas à y croire : on est tous dans la même galère, et je ne m’imagine pas demander ça à qui que ce soit si ça arrivait en France. Mais les Indonésiens sont pauvres, et ils savent qu’on a de l’argent, alors ils essaient. D’un côté je ne peux pas les blâmer, mais c’est juste choquant. Qu’un guide ou un chauffeur de taxi nous demande plus d’argent qu’il n’en faut, je trouve ça normal, mais que de simples particuliers (qui au passage nous on taxé plusieurs cigarettes) soient aussi dans ce système, c’est décevant…
On refuse en leur expliquant qu’on préfère descendre à pied, et qu’on pensait qu’ils nous proposaient ça comme un service. Ce n’est pas pour l’argent (10000 Rp c’est 1$), mais pour le principe. Le garçon est visiblement un peu gêné, et propose donc de nous emmener gratuitement.
Malheureusement pas d’eau chaude à la guesthouse : la douche froide est un peu dure à passer après s’être pris autant de flotte, donc le reste de la journée est passé sous la couette, à bouquiner, pour se réchauffer.
Le lendemain matin, départ pour le lac Toba, à 6 heures de bus de là, où j’ai passé une semaine (à venir dans le prochain article).
Toujours pas de photos en ligne : j’ai mis toutes mes photos sur CD, et le cybercafé où je suis n’a pas de lecteur CD… Désolée, je sais que vous les attendez avec impatience.
Merci encore pour vos commentaires, surtout continuez.
Au sujet des élections, j’ai la gorge nouée… c’est à peu près tout ce que j’ai à dire (et puis ce blog n’est pas le lieu pour les discussions politiques).
Hati hati (« prenez soin de vous » en indonésien)
En lisant ce passage je me suis rappelé un orage au Venezuela, où nous sommes restés au moins 5 heures sous une pluie terrible…
La sensation du plastique mouillé collé sur la peau… l’horreur…
Le plus dur, j’imagine, c de faire sécher ces fringues après…
Gros bisous et à bientôt maintenant,
Stéphane
Hello Marionette,
Je rattrappe tout le retard de ces dernières semaines et t’envoie plein de pensées de Paris !
Je rejoins tous les commentaires : il est passionnant ton voyage et on dévore ton récit !
Jean-François m’a dit que vous aviez fait des recherches depuis là bas pour le lieu de son anniv’ : merci c’est super sympa ! Cela dit, on n’a pas encore retrouvé… mais je vais faire des recherches sur le net !
Je te souhaite une super bonne continuation, gros bisous,
Virg’
Eh salut,
Contente de voir que tu reprends un récit périodique. Chez nous c’est le chaos, un peu comme ton aventure sur le volcan avec l’excitation en moins.
Ouais tu as raison, cest dommage de ne pas avoir les photos, mon imagination est assez réduite dans ce domaine pour me faire une idée de ce que tu découvres. Cela t’impose de faire un véritable montage à ton retour en joignant tes super textes aux photos. Quel superbe reportage tu vas nous présenter, ah ah ah!!!
Je t’embrasse
Amina
C’est vrai quils sont bien tes textes, taurais du ecrire la voix off de mon doc, ça aurait été plus simple…
He, t’as pas fait gaffe en haut du mont Sibayak si il yavait inscrit Lili et Lulu avec des pierres ?
Quand tu seras a Bukit tingi (si tu y vas) essaye daller faire un tour ou le tour du lac qui est a cote, il est magnifique…
En tous cas, je suis content de voir que Sumatra t’a conquise ! En meme temps cest tellement beau…
Alors bois une Bintang bien fraiche a notre sante !
Bizous
Lulu
PS : Jai pas de photos du couteau, je lai perdu…
Mieux vaut tard que jamais : v’là le Gwill. Une pensée pour toi, Marion, alors que JF m’a déjà fait rêver en me racontant quelques épisodes de votre périple. Ca me fait carrément envie ! Profite bien de ces dernières semaines !
Gros bisous ! Et Hati hati aussi !
Gwill