Les bateaux Bugis de Tanah Beru
Récit
Il était un petit navire…
Le chantier est impressionnant : des dizaines de coques sur échafaudage alignées sur la plage, de toutes tailles. Les plus grandes doivent faire la hauteur d’un immeuble de trois étages. Certains bateaux ont été laissés à l’abandon, avant même d’être finis.
Nous nous approchons du plus gros bateau et les ouvriers nous invitent à monter. La rampe d’accès est une planche étroite calée entre le sable et la coque. Les ouvriers montent et descendent à une allure incroyable, en toute assurance. Je n’en dirais pas autant de moi, qui avance telle une funambule débutante !
Sur le pont en construction du bateau, nous admirons la technique avec laquelle les ouvriers assemblent les planches et taillent des chevilles dans le bois. La technique des construction des pinisis est très spécifique: au lieu de commencer par assembler la charpente, les Bugis disposent d’abord la quille, puis l’enveloppe. Les planches de la coque sont ensuite chevillées ensemble, bords contre bords. D’après ce que j’ai compris, l’étanchéité est bien meilleure ainsi. Un pinisi typique fait environ huit mètres de large et 34 mètres de long. La construction peut prendre jusqu’à un an.
L’ironwood (littéralement « bois de fer ») est majoritairement utilisé : cette appellation désigne une large variété de bois réputés pour leur dureté et leur densité, provenant essentiellement de Papouasie Occidentale et de Borneo.
On profite de notre hauteur pour admirer le paysage : entre les planches pas encore fixées de la proue, et l’échafaudage en bois, le ciel vient embrasser la mer dans un dégradé de bleus.
Nous redescendons sur la plage et faisons quelques pas dans le sable jusqu’au village. L’endroit est désert. Seuls quelques gamins font les pitres devant nous pour que nous les prenions en photos.
Et un peu plus loin ce sont les chèvres qui occupent la plage. Les chèvres, et les détritus. Ce n’est pas la première fois que nous voyons ce genre d’images. Le sens de l’écologie n’est pas encore très développé en Asie du Sud-Est. Question d’éducation ? Ou simple retard dans la prise de conscience ? Si l’on y réfléchit bien, les questions écologiques n’étaient pas si centrales que ça en France il y a encore quelques dizaines d’années… Ceci dit on m’a toujours appris à jeter mon papier dans la poubelle.
Bref, ici, une plage paradisiaque peut vite se transformer en dépotoir, et il serait malhonnête de ne pas le mentionner. L’Indonésie, c’est aussi ça : du plastique en veux-tu en voilà, peu de collecte des déchets, des enfants et des adultes qui jettent leurs déchets (papier, plastique, canettes) par la fenêtre des bus, et j’en passe.
Traversée de Tanah Beru
Dans les rues étroites de Tanah Beru, bordées de palmiers, de bananiers et de maisons multicolores, nous rencontrons à nouveau des enfants, surexcités par notre passage, et criant à tout va « hello mister » et « foto, foto ! ». On s’arrête régulièrement pour les prendre en rafale et leur montrer le résultat. Je crois que nous sommes aussi heureux qu’eux de vivre ces moments. Ils rient à gorge déployée devant les clichés qu’on leur montre, se pressent autour de l’appareil photo, posent en souriant jusqu’à se décrocher la mâchoire. Tant de sourires et de joie ne peuvent être que communicatifs.
Et les adultes sont loin d’être les derniers à en profiter. Certains sont fiers que leurs enfants soient immortalisés, d’autres demandent carrément à être pris en photo, comme ce jeune pêcheur posant devant sa grosse prise de la journée, ou cet homme, qui semble le lui avoir acheté pour nous impressionner. Il nous a attiré jusqu’à sa mobylette pour être photographié devant sa glacière.
Salut,
c’est drôle de voir comment cette flamboyante maison verte bugi attire les regards, en voici ma version 6 ans auparavant : http://fr.trekearth.com/viewphotos.php?l=7&p=5571
cdlt
Ludovic
Re-bonjour,
A bien y regarder, je ne suis pas sûre qu’il s’agisse de la même maison, ou alors, elle a été bien rénovée depuis. Une chose est sûre, c’est bien le même vert, et il ne peut que taper dans l’oeil !!
Je viens d’aller regarder quelques-unes de vos photos sur TrekEarth, elles sont magnifiques ! Etes-vous photographe professionnel ?