Une semaine à Mabul
Récit
Je suis contente de quitter ce trou à rats et d’être à nouveau sur l’eau, tenue en haleine par la promesse de magnifiques plongées. J’ai lu un peu partout que Sipadan était la plus belle destination plongée de Malaisie. Elle figure même souvent dans le top 10 mondial des sites de plongée. Ça promet !
Nous débarquons directement dans l’enceinte du Billabong Scuba. Il s’agit d’un petit club de plongée couplé à un losmen un peu rustique, posé sur pilotis au bord de l’eau.
On nous offre le petit déjeuner dès notre arrivée et au bout de quelques minutes, comme à Derawan, on aperçoit des tortues juste au bas du ponton. Sympa !
En attendant que notre chambre se libère, on se rend vite compte que l’endroit n’a pas le charme dont on rêvait pour finir ce voyage. Nos permis pour plonger à Sipadan seront valides dans cinq jours, et même si l’on peut plonger tant qu’on veut autour de Mabul, Jean-François a les lèvres trop brûlées depuis Derawan pour pouvoir se mettre à l’eau. Nous sommes donc en repos forcé, et on ne s’en plaint pas : on a justement envie de se laisser aller, glandouiller sur la terrasse d’un bungalow, aller à la plage, passer des moments à deux.
Et le confort spartiate et collectif du Billabong ne correspond pas à ce qu’on cherche. Les chambres sont en enfilade, pas de terrasse à part la salle à manger commune, les douches et toilettes sont communes. L’aménagement est tout ce qu’il y a de plus basique : deux matelas part terre, un vieux tissu qui sert de rideau, l’ensemble est un peu vieillot et ne respire pas la propreté. Ajoutons aussi que le compresseur du centre de plongée (servant à recharger les bouteilles) fonctionne plusieurs heures par jour : pas très agréable comme bruit de fond…
La chambre tarde à se libérer donc nous partons faire un tour sur l’île. Le village semble assez authentique, avec toutes ces maisons brinquebalantes posées sur pilotis.
Ça ressemble un peu à Derawan, sauf que presque personne ne nous dit bonjour. Hmmm, les déceptions s’enchaînent…
Nous rejoignons rapidement le côté Est de l’île. La plage est plutôt mignonne, et les beaux complexes se trouvent de part et d’autre d’un village de gitans de la mer.
Ça fait un peu bizarre de voir côte à côte les bungalows luxueux et les modestes cahutes en bambou des locaux. On s’aperçoit aussi que le tourisme de masse sévit ici. C’est logique vue la popularité de Sipadan, mais un peu choquant après avoir séjourné sur Derawan. On comprend mieux pourquoi les locaux sont plus distants.
On en profite pour visiter le resort de Scuba Junkie : un autre club de plongée qui a créé tout récemment un complexe sur Mabul. Il ne possédait jusque-là qu’une guesthouse pour backpackers à Semporna. L’endroit est tout neuf, la jeune occidentale qui nous accueille est charmante. On réalise assez vite que l’endroit est moins authentique, mais le charme, le confort des chambres et le prix (à peine plus cher que chez Billabong) suffisent à nous décider. Chambre neuve (nous sommes les premiers clients pour celle-là !), salle de douche privée, terrasse et clim pour les deux premières nuits, car les chambres avec ventilateur ne sont pas libres pour l’instant.
Heureusement, on n’a payé d’avance que les plongées et la première nuit à Billabong… Je pense qu’on devait le sentir. Des piaules pourries pour passer une nuit, on supporte, mais pour une semaine, on est quand même un peu plus demandeurs sur le confort, la propreté et le charme. Nous plongerons donc avec Billabong et logerons, à partir de demain, chez Scuba Junkie. Il nous faut seulement dix minutes pour aller de l’un à l’autre, c’est parfait.
De retour au Billabong, nous prenons enfin possession de notre chambre. Le soir, nous assistons à un beau coucher de soleil depuis la terrasse du losmen. Évidemment on n’aura pas ça après notre déménagement…
Nous passons donc quelques jours assez agréables à ne rien faire à Mabul, en attendant de pouvoir plonger à nouveau. Au programme : balades, lecture, plage, glandouille. Les rencontres locales sont rares, mais on sympathise avec quelques touristes. Et finalement, on passe notre temps à naviguer entre Scuba Junkie et Billabong.
Le Scuba Junkie a un esprit très « à la chaîne » et prétentieux qu’on n’apprécie pas trop : des divemasters occidentaux qui se la pètent avec leurs débardeurs, leurs muscles et leurs tatouages, une immense cantine, beaucoup trop de monde, pas d’ambiance. Alors que la vie est beaucoup plus sympathique au Billabong : des divemasters occidentaux et locaux, des joueurs de guitares, des chatons trop mignons, des petites soirées plus intimistes sur le ponton. Enfin vous connaissez la rengaine : le beurre, l’argent du beurre…
Au final le sentiment est mitigé sur Mabul. Peut-être qu’on aurait dû venir ici d’abord, puis aller à Derawan. On aurait ainsi évolué dans le bon sens. On ne peut pas dire que ce soit nul, mais très certainement trop touristique à notre goût, trop organisé, et déjà trop gâté par l’exploitation massive des sites. Certes le nombre de plongeurs par jour est limité à Sipadan, et cela contribue probablement à protéger les fonds, mais les touristes sont là. Et ça devient l’usine.
⊕ Infos pratiques
» Mabul Beach Resort
Chambre double (ventilateur), 3 repas inclus : 80 Rm / personne
Chambre double (clim), 3 repas inclus : 150 Rm / personne
Chambres neuves et spacieuses, terrasse, salle de bain privée, serviettes de toilette fournies
ⓦ www.scuba-junkie.com
» Billabong Scuba
Chambre twin (ventilateur), salle de douche commune, 3 repas inclus : 75 Rp / personne
Chambres délabrées, douches et toilettes sales
ⓦ www.billabongscuba.com